Rajasthan

Jaipur

Cela aurait pu être pire, mais j'étais privilégié, puisque je n'avais pas besoin de prendre l'autobus. J'avais ma voiture et mon chauffeur. Ouf !
Il était prévu un chauffeur "jeune et beau" parlant parfaitement l'anglais, et j'espérais une belle voiture à la hauteur du prix élevé que j'avais payé.

En fait, voici mon chauffeur, Mr Singh, 50 ans, aussi laid et gros que moi, parlant un anglais épouvantable, qui m'a trimballé dans une vieille "Tata" défraichie pendant quatre jours.

Je n'ai pas à me plaindre, car le chauffeur aurait pu être le monsieur de droite qui est électricien automobile. Mr Singh eut recours à ses services car la voiture ne marchait pas très bien. Il fallait rebrancher des fils pour éviter qu'elle ne chauffe ! (voir plus loin).

Mr Singh était un homme charmant et efficace, conduisant très bien et connaissant d'excellents restaurants et lieux insolites à visiter. Il a su adapter et réparer la voiture en toutes circontances, évitant ainsi de mettre ma vie en péril. Il a su aussi me supporter, touriste capricieux que j'étais certainement pour lui. Alors soyons positif, un jeune chauffeur bellâtre n'aurait jamais été à la hauteur de Mr Singh, homme de grande expérience !

Je n'ai eu le temps de voir que peu de choses, mais c'était passionnant. Nous avons fait beaucoup de route et il me faudra revenir. C'est un premier petit aperçu de la région, que je qualifierais "d'exotique".

Mr Singh, my "young and handsome" driver (on the left).
Première visite, le palais de la Rani (épouse du Raja), en dehors de la ville, comme l'indique le panneau.

C'est très beau sur la photo, mais il ne faut pas y regarder de trop près. En Inde l'entretien des monuments laisse souvent à désirer...

...quand ils ne sont pas tout simplement à l'abandon, squattés par des hordes de miséreux, comme ici en face du palais de la Rani !
Nous continuons notre chemin, entre vaches, paons et singes, jusqu'à un temple au fond d'une vallée, nommé "Galta" ou temple des singes.
A priori cela parait magnifique, idyllique... Plusieurs bassins sacrés sont disposés entre différents bâtiments, abritant des salles de prières. Des singes courent de partout, se nourissant des bananes et des noix apportées en masse par les visiteurs. A flanc de montagne se trouve un très ancien ermitage, et les jardins fleuris tombent en cascade jusqu'au temple.

Mais tout est pourri ! ces sales singes se battent entre eux, et hurlent. Ils font leurs besoins partout dans le temple, et il faut se boucher le nez en passant devant des montagnes d'immondices. Les femmes font leur lessive dans le bassin sacré. Des religieux vivent comme des rats dans une partie du temple. Rien n'est entretenu, et la pierre s'effrite de partout. Les grandes pluies ont fait tomber une partie du mur (voir ci-dessous à l'extrême gauche) et il faut enjamber la caillasse qui traine sur les marches de l'escalier. Les jardins sont plus ou moins sauvages, l'engrais abondant doit venir des singes... Mais tout ça c'est très exotique... Il n'y a aucun équivalent chez nous.

Autre monument visité: les cénotaphes (tombeaux sans les corps) en marbre des souverains. Le plus ancien remonte aux années 1740, le plus récent à 1997, la construction du dernier est programmée...
Détails magnifiques du décor.
C'est le paradoxe de l'Inde: un mélange de sublime et d'abandon.
Nous voici au "Victory Fort" Jaigarth.

Le canon date de 1726, pèse 50 tonnes, est censé être le plus gros du monde, mais...n'a jamais servi.

Le Fort domine la ville de Jaipur et ses fortifications s'étendent sur des dizaines de kilomètres. Elles étaient parcourues par les soldats à dos d'éléphants. Le fort ne fut jamais pris par l'ennemi, qui pourtant vint l'assiéger à plusieurs reprises.
L'eau du lac était transportée à dos d'éléphants par le chemin visible à gauche, puis hissée dans des outres en cuir jusqu'au grand réservoir situé en haut à droite.
A gauche voici la citerne, et en contrebas les nouveaux WC, formidable innovation pour l'époque.

L'eau de la citerne alimentait les jardins et les fontaines que l'on voit ci-dessous. Quand on sait qu'il fait plus de 40 degrés l'été, on imagine la prouesse technique et le bien-être des fontaines.

Le Fort est situé au-dessus du Palais "en ville" (beaucoup plus luxueux et confortable) que l'on voit ici en contrebas. Un souterrain de plus d'un kilomètre rejoint le Fort. Dès que l'ennemi est annoncé, le souverain, sa femme, ses enfants, ses maitresses, etc... montent se réfugier en haut.
Ce magnifique militaire de 44 ans, a tout de suite senti que j'étais un passionné d'histoire. Il m'a tout fait visiter au pas de charge (car la fermeture était proche), et c'est lui qui m'a donné toutes ces explications qui ne figurent dans aucun de mes livres. Il a insisté pour me prendre en photo, ce que je n'ai pas pu refuser, à la seule condition de le prendre lui aussi. Nous étions aussi réticents l'un que l'autre ! Je donnais à ce brave militaire, particulièrement aimable et connaisseur, un bon pourboire qu'il accepta sans rechigner (puisque c'est ce qu'il attendait).
Encore un palais au-dessus de la ville, absolument vide. Le seul intérêt se trouve un peu plus loin, sur un promontoire des fortifications, où les touristes occidentaux sont assis en buvant une bière pour voir... le coucher de soleil sur Jaipur ! (payant). Véridique !

J'ai dit haut et fort à mon chauffeur que le coucher de soleil , je pouvais le voir tous les soirs, partout dans le monde... et gratuitement. Nous sommes alors redescendus aussitôt en ville.

...et en ville, voici ce que j'ai pu voir au coucher du soleil: un magnifique palais au milieu du lac.
Le lendemain matin, au lever du soleil, nous passons devant le célèbre "palais des vents", simple façade assez récente (1799), mais sans profondeur (il n'y a presque rien derrière). C'est magnifique et c'est devenu le symbole de Jaipur, ville peinte tout en rose, couleur de l'hospitalité. C'est en 1876 que le Maharaja fit peindre toute la vieille ville en rose pour recevoir le prince de Galles (futur Edouard VII).
Surprise ! pendant que nous déjeunions, je vois par la fenêtre du restaurant un éléphant qui mange les feuilles de l'arbre. Chez nous ce n'est pas courant. Ici c'est tout à fait normal. On les voit au milieu de la circulation intense de la ville. En fait, ils servent aux touristes.
Une des spécialités de Jaipur c'est l'impression au tampon (de bois) sur étoffe, jusqu'à six couleurs ! Les nappes, serviettes, sets de table et autres sont magnifiques et de belle qualité.
Il y a aussi toute sorte d'étoffes en coton et en soie, et de vêtements, et de châles en "Pashmina" et d'accesoires divers et variés. Voici le patron et l'un de ses commis. On le voit ils sont originaires de l'Himalaya, comme mon chauffeur, et comme l'organisateur... Quelle coïncidence.
Après les étoffes, les artistes peintres de miniatures.
Et revoici notre charmant électricien automobile, qui sort son enseigne, et son très jeune commis qui n'hésite pas à plonger tout son bras dans le moteur qui tourne (!) de la superbe Tata pour trouver le fil qui était défait ! Voilà c'est réparé en quelques secondes et le moteur tourne toujours.
"Barberousse" l'électricien et son jeune assistant. Un duo de spécialistes.
Suite:

Vers AGRA et le Taj Mahal